La Livraison de Primar - version française
Nous avons le plaisir de vous annoncer la vente et la livraison de l’orgue « PRIMAR » d’Arthur et Paula Prinsen au Musée de musique mécanique NISCO, à Ein Hod (Israël).
Tout d’abord, présentons le Musée de musique mécanique NISCO et son remarquable propriétaire, M. Nisan Cohen. En septembre 2011 j’avais répondu à une annonce de MMD demandant si quelqu’un pouvait venir en Israël pour aider à restaurer des instruments de musique mécanique qui avaient été endommagés par un terrible feu de forêt qui avait ravagé tout le Mont Carmel onze mois auparavant.
Dans un journal de l’époque, on pouvait lire : « Quand le New-Yorkais Nisan Cohen déménagea en Israël, il prit avec lui sa précieuse collection de 200 boîtes à musique pour en faire le noyau du nouveau musée qu’il projetait d’ouvrir. Le 6 décembre 2010, il était assis, démoralisé, au milieu de son musée enseveli sous la suie, toute sa collection détruite par le feu qui avait fait rage les quatre jours précédents. Le pire feu de forêt qu’a connu Israël a tué 42 personnes, détruit plus de 4850 hectares de forêt représentant une perte de 5 millions d’arbres. Les autorités dirent qu’un adolescent de 14 ans du nord d’Israël, arrêté le 6 décembre, avait avoué avoir par imprudence jeté dans la forêt les cendres encore brûlantes d’un narguilé.
Le Musée de musique mécanique NISCO, d’habitude bourdonnant de visiteurs israéliens et états-uniens venant admirer la collection que Cohen avait mis 45 ans à réunir, s’étiole maintenant dans la pénombre. Un seul rai de lumière tombe d’une ouverture que des cambrioleurs ont pratiquée lors de leur vol, joignant le méfait à l’accident. Le musée, habituellement rempli des airs divers des boîtes de musique, était silencieux mis à part la voix de son propriétaire monologuant sur ce qui était arrivé : « La chaleur était si intense que même les boîtes à musique que le feu n’a pas atteintes ont eu leurs rouleaux détruits et sont donc maintenant muettes ».
En novembre 2011, nous avons trouvé le Musée NISCO étendant ses ailes de béton sur une colline pierreuse où seuls quelques troncs calcinés subsistaient de ce qui avait été autrefois une accueillante pinède épaisse. La similitude entre les instruments martyrisés et le paysage frappa Marie-Odile, lui inspirant des photos émouvantes qu’elle présenta un peu plus tard sous le titre « Cicatrices / Scars» dans le magazine MBSI et sur notre site.
Dans le musée, l’instrument qui peinait le plus Nisan était l’Orchestrelle Aeolian style XY, autrefois resplendissante et aujourd’hui rendue muette par l’incendie, et que j’ai eu la chance de pouvoir faire jouer à nouveau après 10 jours de travail. Alors que tout avait été sévèrement endommagé et beaucoup d’instruments complètement détruits, quel ne fut pas mon étonnement de trouver leur propriétaire toujours plein d’allant et impatient de remettre tout en état. Ce qui pourrait paraître simple pour la plupart des gens aurait dû l’être moins pour Nisan Cohen, âgé alors de 85 ans. Maintenant (en 2014) et à 87 ans il fait toujours la moitié de son âge, vivant selon son slogan favori « Ne remettez pas la joie à demain » !
Dans une vie précédente Cohen était un cinéaste new-yorkais, qui après avoir déménagé en Israël au milieu des années 1970 a ouvert le premier et unique musée du Moyen-Orient dédié à la musique mécanique, autour des boîtes à musique, pianos mécaniques, orgues de Barbarie, gramophones, etc. qu’il avait collectionné toute sa vie, héritage d’une solide culture musicale classique, du besoin de partager sa passion et d’un esprit curieux qui prend clairement plaisir aux choses de la vie. « Mais tout ceci ne serait rien sans la galvanisante présence du propriétaire du musée lui-même », ai-je entendu. « Cohen est unique en son genre et sa fascination par la musique mécanique est communicative. S’animant devant chaque instrument, il vous entraîne à sa suite comme le Joueur de flûte de Hamelin. »
Tout au long des visites guidées quotidiennes de son musée, cela ne fait aucun doute que c’est lui qui assure le spectacle !
Et c’est probablement après avoir assisté à une des visites du samedi matin le 22 mars 2014 qu’Arthur Prinsen a eu le sentiment que son dernier instrument (son « petit dernier »), le Primar qu’il avait construit pour lui-même, allait trouver un « second père ». Lors de cette visite les Prinsen purent apprécier la joie communicative de Nisan, ses explications de pourquois et comments, en faisant participer son auditoire, éveillant son intérêt et ses sourires, et par-dessus tout faisant briller des étoiles dans les yeux des enfants présents.
Mais commençons par le commencement.
En septembre dernier Marie-Odile retourna à Ein Hod pour une exposition conjointe de ses photos de 2011 avec les nouveaux collages de Nisan. Car n’avais-je pas oublié de mentionner qu’il possède un tour d’esprit vraiment artistique dont les maître-mots seraient « plein de couleurs » et « sens de l’humour » ? Quoi qu’il en soit, déjà à cette époque son esprit et son cœur étaient ravis par le son du Primar – un amour exclusif !
Donc en janvier 2014 nous reçûmes un appel de Cohen nous confirmant son intérêt pour l’orgue des Prinsen que nous avions présenté sur notre site web. Un accord fut rapidement conclu, et les plans pour acheminer le tout premier orgue de foire d’Israël commencèrent rapidement. Il nous fut aussi demandé d’être du voyage pour aider au déchargement et au montage de l’instrument.
Soudain beaucoup de gens s’activèrent de chaque côté du monde pour que tout soit prêt, avec pour date-butoir la mi-avril (Pessah puis Pâques).
Arthur Prinsen prit personnellement la tête du chargement du container en Belgique, et en moins de quelques semaines toutes les pièces furent soigneusement emballées en vue du long voyage du port d’Anvers à celui d’Haïfa. Les Prinsen s’offrirent aussi à être en personne du voyage pour aider et s’assurer que la livraison de leur « bébé » se passait bien. C’est exactement en ces termes que Nisan, quelque peu stressé, commençait à compter les jours et nous pressait d’être là sans faute pour le 14 mars…
Et nous voilà tout heureux de retrouver Nisan prospère et en bonne santé, pourtant… pas d’orgue en vue ! Après un jour de sabbat, le 16 mars vit des petites familles déambuler dans les ruelles du village avec leurs enfants joyeusement costumés pour la fête de Pourim. Puis le 17 mars eut finalement lieu la première rencontre entre Cohen et Paula et Arthur Prinsen, au musée Nisco tout illuminé pour l’occasion, lequel est le premier bâtiment qui attire le regard après la raide montée au village d’artistes d’Ein Hod. Une rencontre vraiment intéressante, suivie au célèbre restaurant argentin du village par une très agréable soirée de conversations pendant lesquelles ces deux personnalités remarquables apprirent à mieux se connaître.
Le 18 mars passa, puis le 19… Nisan passait ses journées au téléphone à essayer de se renseigner : où pouvait bien se trouver le Primar – et les nouvelles qui lui revenaient étaient toujours des plus contradictoires : l’orgue était arrivé à bon port, non il n’y était pas, il était retenu par les douanes, il nécessitait une inspection supplémentaire… Ce fut au tour d’Arthur de s’inquiéter en pensant à la température qu’il pouvait faire dans le container quand jour après jour le temps avait été ensoleillé et à plus de 30°C.
Le 20 mars au matin on nous dit que le port d’Haïfa serait fermé pour raisons de sécurité à cause d’une alerte aux roquettes ! Serait-ce nos tuyaux d’orgue que le scanner avait détectés ?!! Nous décidâmes de partir faire du tourisme plus au nord… et c’est ainsi que, sur les bords du lac de Tibériade, nous reçûmes ce message-surprise : « Rentrez immédiatement, l’orgue arrive » ! Nous nous sommes précipités, en prenant les Prinsen au passage à Haïfa. En effet le gros camion avec le container venait d’arriver. En haut au musée, il y avait beaucoup d’agitation où des ouvriers s’étaient dépêchés, comme prévu, d’opérer une ouverture dans un mur latéral puisqu’aucune porte n’était assez large. En contrebas sur le parking, il y avait autant d’agitation autour du camion dont la plate-forme était malheureusement trop élevée pour permettre à l’orgue de sortir aisément du container. Je suggérais de faire venir un camion surbaissé, mais il commençait à se faire tard. Nisan et Arthur durent se contenter d’un regard rapide aux paquets de couvertures et de plastique d’emballage dans lesquels sommeillait encore le Primar… Le container retourna donc au dépôt pour les 2 jours suivants, comme le vendredi était férié pour les Musulmans et le samedi pour les Juifs. Quelle déception !
Le samedi 22 mars les Prinsen firent leurs adieux à Nisan, le cœur brisé de n’avoir pu assister à la fin du déménagement et de l’installation de leur orgue.
Le dimanche 23 mars fut le premier jour couvert de notre séjour car une chaleur précoce avait entraîné un épais brouillard qui recouvrit le village pour la journée. Arrivés à ce point du voyage, nous ne savions jamais ce qu’une journée allait nous réserver. Nisan nous avait dit d’être au musée pour 14 heures, au cas où quelque chose se passerait. Descendant de la place principale du village vers le musée, n’était-ce pas le bruit d’un moteur de camion que nous entendions ? Après la dernière volée d’escaliers, nous apercevions en plein travail le haut d’une grande grue jaune vif. Quelle surprise que nos attentes se soient enfin réalisées ! ENFIN !
Il est temps de préciser que le Musée Nisco est d’une conception très originale : son toit en ailes de béton géantes, sorte d’architecture Jet Age, une construction en surplomb ancrée dans le rocher. Pas d’autre solution donc qu’une grue pour transporter ET soulever à plus de 20 mètres de haut un orgue de ces dimensions (hauteur – 3,20 m / longueur – 5,00m / profondeur – 1,50m / poids – 1800kg).
Les opérations avaient débuté un peu plus tôt, assistés par les Druzes, une minorité musulmane bien représentée dans cette région. Nous remercions en particulier Alaa Abu Chamad pour son aide si précieuse et qui a été pour nous un peu comme le Génie de la Lampe. Pour 18 heures, le Primar était assemblé et jouait à la perfection.
Très intrigués des voisins étaient apparus et n’en croyaient ni leurs yeux ni leurs oreilles ! Bien vite appareils photo et caméras entrèrent en action et immortalisèrent l’instant – vous pouvez en avoir un aperçu sur http://ein-hod.info/nisco/
La première mélodie à sortir des cartons fut le « Le Vol du Bourdon » parce ce que tout le monde voulait entendre jouer « aussi vite que çà ». A ce moment-là j’étais en communication avec Arthur lui-même, encore toujours à l’aéroport de Tel Aviv dans l’attente de son vol de retour. Ainsi il put lui aussi prendre part à cet instant et entendre, in extremis avant de quitter Israël, le son de son orgue – ne serait-ce qu’à travers mon téléphone mobile !
Mais ensuite il fut temps d’écouter les deux cartons que Nisan avait spécialement commandés. La célèbre « Hava Nagila » (« Réjouissons-nous ») mit de l’ambiance, engendrant grands sourires et battements de mains. Puis vint l’hymne national israélien « Hatikvah » (« L’Espoir ») et l’émotion fut perceptible dans la pièce où Nisan prenait dans ses bras ses deux êtres chers : sa fille Silvana, tout juste mariée, et son shar-peï Georgette. Arthur avait harmonisé à merveille ces deux chansons et la joie sur le visage de Nisan, en entendant son orgue prendre vie, ajoutait une dimension supplémentaire à ce voyage en le rendant unique.
Il aura fallu pour cet instrument d’exception deux « pères », trois parties du monde (Europe, Amérique et Moyen-Orient) et trois religions (chrétienne, juive et musulmane) main dans la main. La musique ne fait-elle pas des miracles ?
Nous vous souhaitons maintenant d’à votre tour pouvoir visiter le Musée de musique mécanique NISCO au village d’artistes Ein Hod, dans le massif du Mont Carmel, près d’Haïfa, nord d’Israël – sur la Route 7111 à deux kilomètres de l’intersection avec la Route 4 (entre Zichron Yaakov et Haïfa). Cherchez le panneau du Musée dans le grand virage en arrivant à Ein Hod. Téléphone: (052) 4755313.
Ron Schmuck, Nickelodeon Co. Ltd et Marie-Odile
Tout d’abord, présentons le Musée de musique mécanique NISCO et son remarquable propriétaire, M. Nisan Cohen. En septembre 2011 j’avais répondu à une annonce de MMD demandant si quelqu’un pouvait venir en Israël pour aider à restaurer des instruments de musique mécanique qui avaient été endommagés par un terrible feu de forêt qui avait ravagé tout le Mont Carmel onze mois auparavant.
Dans un journal de l’époque, on pouvait lire : « Quand le New-Yorkais Nisan Cohen déménagea en Israël, il prit avec lui sa précieuse collection de 200 boîtes à musique pour en faire le noyau du nouveau musée qu’il projetait d’ouvrir. Le 6 décembre 2010, il était assis, démoralisé, au milieu de son musée enseveli sous la suie, toute sa collection détruite par le feu qui avait fait rage les quatre jours précédents. Le pire feu de forêt qu’a connu Israël a tué 42 personnes, détruit plus de 4850 hectares de forêt représentant une perte de 5 millions d’arbres. Les autorités dirent qu’un adolescent de 14 ans du nord d’Israël, arrêté le 6 décembre, avait avoué avoir par imprudence jeté dans la forêt les cendres encore brûlantes d’un narguilé.
Le Musée de musique mécanique NISCO, d’habitude bourdonnant de visiteurs israéliens et états-uniens venant admirer la collection que Cohen avait mis 45 ans à réunir, s’étiole maintenant dans la pénombre. Un seul rai de lumière tombe d’une ouverture que des cambrioleurs ont pratiquée lors de leur vol, joignant le méfait à l’accident. Le musée, habituellement rempli des airs divers des boîtes de musique, était silencieux mis à part la voix de son propriétaire monologuant sur ce qui était arrivé : « La chaleur était si intense que même les boîtes à musique que le feu n’a pas atteintes ont eu leurs rouleaux détruits et sont donc maintenant muettes ».
En novembre 2011, nous avons trouvé le Musée NISCO étendant ses ailes de béton sur une colline pierreuse où seuls quelques troncs calcinés subsistaient de ce qui avait été autrefois une accueillante pinède épaisse. La similitude entre les instruments martyrisés et le paysage frappa Marie-Odile, lui inspirant des photos émouvantes qu’elle présenta un peu plus tard sous le titre « Cicatrices / Scars» dans le magazine MBSI et sur notre site.
Dans le musée, l’instrument qui peinait le plus Nisan était l’Orchestrelle Aeolian style XY, autrefois resplendissante et aujourd’hui rendue muette par l’incendie, et que j’ai eu la chance de pouvoir faire jouer à nouveau après 10 jours de travail. Alors que tout avait été sévèrement endommagé et beaucoup d’instruments complètement détruits, quel ne fut pas mon étonnement de trouver leur propriétaire toujours plein d’allant et impatient de remettre tout en état. Ce qui pourrait paraître simple pour la plupart des gens aurait dû l’être moins pour Nisan Cohen, âgé alors de 85 ans. Maintenant (en 2014) et à 87 ans il fait toujours la moitié de son âge, vivant selon son slogan favori « Ne remettez pas la joie à demain » !
Dans une vie précédente Cohen était un cinéaste new-yorkais, qui après avoir déménagé en Israël au milieu des années 1970 a ouvert le premier et unique musée du Moyen-Orient dédié à la musique mécanique, autour des boîtes à musique, pianos mécaniques, orgues de Barbarie, gramophones, etc. qu’il avait collectionné toute sa vie, héritage d’une solide culture musicale classique, du besoin de partager sa passion et d’un esprit curieux qui prend clairement plaisir aux choses de la vie. « Mais tout ceci ne serait rien sans la galvanisante présence du propriétaire du musée lui-même », ai-je entendu. « Cohen est unique en son genre et sa fascination par la musique mécanique est communicative. S’animant devant chaque instrument, il vous entraîne à sa suite comme le Joueur de flûte de Hamelin. »
Tout au long des visites guidées quotidiennes de son musée, cela ne fait aucun doute que c’est lui qui assure le spectacle !
Et c’est probablement après avoir assisté à une des visites du samedi matin le 22 mars 2014 qu’Arthur Prinsen a eu le sentiment que son dernier instrument (son « petit dernier »), le Primar qu’il avait construit pour lui-même, allait trouver un « second père ». Lors de cette visite les Prinsen purent apprécier la joie communicative de Nisan, ses explications de pourquois et comments, en faisant participer son auditoire, éveillant son intérêt et ses sourires, et par-dessus tout faisant briller des étoiles dans les yeux des enfants présents.
Mais commençons par le commencement.
En septembre dernier Marie-Odile retourna à Ein Hod pour une exposition conjointe de ses photos de 2011 avec les nouveaux collages de Nisan. Car n’avais-je pas oublié de mentionner qu’il possède un tour d’esprit vraiment artistique dont les maître-mots seraient « plein de couleurs » et « sens de l’humour » ? Quoi qu’il en soit, déjà à cette époque son esprit et son cœur étaient ravis par le son du Primar – un amour exclusif !
Donc en janvier 2014 nous reçûmes un appel de Cohen nous confirmant son intérêt pour l’orgue des Prinsen que nous avions présenté sur notre site web. Un accord fut rapidement conclu, et les plans pour acheminer le tout premier orgue de foire d’Israël commencèrent rapidement. Il nous fut aussi demandé d’être du voyage pour aider au déchargement et au montage de l’instrument.
Soudain beaucoup de gens s’activèrent de chaque côté du monde pour que tout soit prêt, avec pour date-butoir la mi-avril (Pessah puis Pâques).
Arthur Prinsen prit personnellement la tête du chargement du container en Belgique, et en moins de quelques semaines toutes les pièces furent soigneusement emballées en vue du long voyage du port d’Anvers à celui d’Haïfa. Les Prinsen s’offrirent aussi à être en personne du voyage pour aider et s’assurer que la livraison de leur « bébé » se passait bien. C’est exactement en ces termes que Nisan, quelque peu stressé, commençait à compter les jours et nous pressait d’être là sans faute pour le 14 mars…
Et nous voilà tout heureux de retrouver Nisan prospère et en bonne santé, pourtant… pas d’orgue en vue ! Après un jour de sabbat, le 16 mars vit des petites familles déambuler dans les ruelles du village avec leurs enfants joyeusement costumés pour la fête de Pourim. Puis le 17 mars eut finalement lieu la première rencontre entre Cohen et Paula et Arthur Prinsen, au musée Nisco tout illuminé pour l’occasion, lequel est le premier bâtiment qui attire le regard après la raide montée au village d’artistes d’Ein Hod. Une rencontre vraiment intéressante, suivie au célèbre restaurant argentin du village par une très agréable soirée de conversations pendant lesquelles ces deux personnalités remarquables apprirent à mieux se connaître.
Le 18 mars passa, puis le 19… Nisan passait ses journées au téléphone à essayer de se renseigner : où pouvait bien se trouver le Primar – et les nouvelles qui lui revenaient étaient toujours des plus contradictoires : l’orgue était arrivé à bon port, non il n’y était pas, il était retenu par les douanes, il nécessitait une inspection supplémentaire… Ce fut au tour d’Arthur de s’inquiéter en pensant à la température qu’il pouvait faire dans le container quand jour après jour le temps avait été ensoleillé et à plus de 30°C.
Le 20 mars au matin on nous dit que le port d’Haïfa serait fermé pour raisons de sécurité à cause d’une alerte aux roquettes ! Serait-ce nos tuyaux d’orgue que le scanner avait détectés ?!! Nous décidâmes de partir faire du tourisme plus au nord… et c’est ainsi que, sur les bords du lac de Tibériade, nous reçûmes ce message-surprise : « Rentrez immédiatement, l’orgue arrive » ! Nous nous sommes précipités, en prenant les Prinsen au passage à Haïfa. En effet le gros camion avec le container venait d’arriver. En haut au musée, il y avait beaucoup d’agitation où des ouvriers s’étaient dépêchés, comme prévu, d’opérer une ouverture dans un mur latéral puisqu’aucune porte n’était assez large. En contrebas sur le parking, il y avait autant d’agitation autour du camion dont la plate-forme était malheureusement trop élevée pour permettre à l’orgue de sortir aisément du container. Je suggérais de faire venir un camion surbaissé, mais il commençait à se faire tard. Nisan et Arthur durent se contenter d’un regard rapide aux paquets de couvertures et de plastique d’emballage dans lesquels sommeillait encore le Primar… Le container retourna donc au dépôt pour les 2 jours suivants, comme le vendredi était férié pour les Musulmans et le samedi pour les Juifs. Quelle déception !
Le samedi 22 mars les Prinsen firent leurs adieux à Nisan, le cœur brisé de n’avoir pu assister à la fin du déménagement et de l’installation de leur orgue.
Le dimanche 23 mars fut le premier jour couvert de notre séjour car une chaleur précoce avait entraîné un épais brouillard qui recouvrit le village pour la journée. Arrivés à ce point du voyage, nous ne savions jamais ce qu’une journée allait nous réserver. Nisan nous avait dit d’être au musée pour 14 heures, au cas où quelque chose se passerait. Descendant de la place principale du village vers le musée, n’était-ce pas le bruit d’un moteur de camion que nous entendions ? Après la dernière volée d’escaliers, nous apercevions en plein travail le haut d’une grande grue jaune vif. Quelle surprise que nos attentes se soient enfin réalisées ! ENFIN !
Il est temps de préciser que le Musée Nisco est d’une conception très originale : son toit en ailes de béton géantes, sorte d’architecture Jet Age, une construction en surplomb ancrée dans le rocher. Pas d’autre solution donc qu’une grue pour transporter ET soulever à plus de 20 mètres de haut un orgue de ces dimensions (hauteur – 3,20 m / longueur – 5,00m / profondeur – 1,50m / poids – 1800kg).
Les opérations avaient débuté un peu plus tôt, assistés par les Druzes, une minorité musulmane bien représentée dans cette région. Nous remercions en particulier Alaa Abu Chamad pour son aide si précieuse et qui a été pour nous un peu comme le Génie de la Lampe. Pour 18 heures, le Primar était assemblé et jouait à la perfection.
Très intrigués des voisins étaient apparus et n’en croyaient ni leurs yeux ni leurs oreilles ! Bien vite appareils photo et caméras entrèrent en action et immortalisèrent l’instant – vous pouvez en avoir un aperçu sur http://ein-hod.info/nisco/
La première mélodie à sortir des cartons fut le « Le Vol du Bourdon » parce ce que tout le monde voulait entendre jouer « aussi vite que çà ». A ce moment-là j’étais en communication avec Arthur lui-même, encore toujours à l’aéroport de Tel Aviv dans l’attente de son vol de retour. Ainsi il put lui aussi prendre part à cet instant et entendre, in extremis avant de quitter Israël, le son de son orgue – ne serait-ce qu’à travers mon téléphone mobile !
Mais ensuite il fut temps d’écouter les deux cartons que Nisan avait spécialement commandés. La célèbre « Hava Nagila » (« Réjouissons-nous ») mit de l’ambiance, engendrant grands sourires et battements de mains. Puis vint l’hymne national israélien « Hatikvah » (« L’Espoir ») et l’émotion fut perceptible dans la pièce où Nisan prenait dans ses bras ses deux êtres chers : sa fille Silvana, tout juste mariée, et son shar-peï Georgette. Arthur avait harmonisé à merveille ces deux chansons et la joie sur le visage de Nisan, en entendant son orgue prendre vie, ajoutait une dimension supplémentaire à ce voyage en le rendant unique.
Il aura fallu pour cet instrument d’exception deux « pères », trois parties du monde (Europe, Amérique et Moyen-Orient) et trois religions (chrétienne, juive et musulmane) main dans la main. La musique ne fait-elle pas des miracles ?
Nous vous souhaitons maintenant d’à votre tour pouvoir visiter le Musée de musique mécanique NISCO au village d’artistes Ein Hod, dans le massif du Mont Carmel, près d’Haïfa, nord d’Israël – sur la Route 7111 à deux kilomètres de l’intersection avec la Route 4 (entre Zichron Yaakov et Haïfa). Cherchez le panneau du Musée dans le grand virage en arrivant à Ein Hod. Téléphone: (052) 4755313.
Ron Schmuck, Nickelodeon Co. Ltd et Marie-Odile